Alors que nous assisterons dans un an à l’un des plus grands évènements sportifs de tous les temps avec les Jeux Olympiques de Paris 2024, le sport est plus que jamais un sujet de société. Entre ferveur populaire et bienfaits de la pratique sportive, le sport est devenu un enjeu majeur de cette dernière décennie. Mais bien que nous connaissions déjà les bienfaits de la pratique du sport chez les adultes, la nécessité de pratique d’une activité physique chez l'enfants est encore trop peu considérée. Et pourtant, il s’agit d’un sujet de préoccupation majeur avec la forte croissance de la sédentarité infantile.
1) Vers une génération de plus en plus sédentaire
D’après l’OMS, en 40 ans les adolescents auraient perdu près de 25% de leurs capacités physiques, notamment dû à des modes de vie de plus en plus sédentaires. Une sédentarité causée majoritairement par les écrans qui occupent désormais une place prédominante dans nos quotidiens et ceux de nos enfants. Résultat, les adolescents passent de plus en plus de temps sur les écrans et délaissent les activités physiques. Jean-Philippe Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport a parfaitement identifié le phénomène et relève qu’en plus de la perte de capacité physique, la sédentarité devient presqu’une norme avec une forte augmentation du temps passer assis chez les 18-34 ans, 8h19 par jour en moyenne contre 6h53 pour le plus de 50 ans (enquête Harris Interactive 2018). Alors pour éviter la routine quotidienne de nos enfants, consistant à passer du lit à la chaise de l’école, en passant par le siège du bus ou de la voiture parentale puis par le canapé devant la télévision ou les smartphones, les autorités sanitaires tentent de valoriser les bienfaits de la pratique sportive.

2) Le sport pour lutter contre la sédentarité
Le sport semble en effet représenter un réel enjeu face à la sédentarité croissante de nos enfants. Et en plus de lutter contre la sédentarité source d’augmentation des risques de
mortalité globale (+12%) et de problèmes cardiovasculaires (+22%), l’activité physique dispose de nombreux bienfaits tant sur le corps que sur l’esprit. Être actif a en effet des bienfaits chez l’enfant sur différents aspects. En voici 7 :
Le développement : L’activité physique favorise une croissance et un développement sain. Le fait d’être actif permet à l’enfant de développer différentes capacités physiques et moteurs
notamment en gagnant en habilité motrice et en se renforçant musculairement parlant. L’activité physique permet ainsi à l’enfant de développer sa force, sa puissance et son endurance, mais aussi d’améliorer sa coordination, sa posture, son agilité et son équilibre. De nombreux aspects qui lui permettront de se développer de la meilleure des façons.
La condition physique : L’activité physique lutte contre la sédentarité mais favorise également une meilleure santé. Le sport va développer de nombreuses capacités physiques et ainsi permettre à l’enfant de gagner en résistance. Cela fortifie le cœur, les poumons et surtout renforce le squelette pour lutter contre les blessures et les douleurs récurrentes. L’activité
physique prévient aussi le surpoids et participe à sa régulation. Une personne active voit ses capacités cardiovasculaires et respiratoires augmenter, ce qui favorise le contrôle du poids ainsi que du taux de sucre ou de cholestérol dans le sang. L’activité physique diminue donc le risque de souffrir d’une maladie du cœur, du diabète, d’obésité et de certains types de cancers à l’âge adulte.
Le poids : Comme évoqué l’activité physique est une bonne façon d’augmenter la dépense énergétique et donc de contrôler son poids. Bouger peut ainsi réduire le risque de souffrir d’embonpoint ou d’obésité. Cela est d’autant plus important que les individus obèses dès l’enfance sont plus susceptibles de l’être toujours à l’âge adulte. Un enjeu des plus importants lorsque l'on sait que selon l’organisme Amélie, en 2015, 17% des enfants français entre 6 et 17 ans étaient en surpoids dont 3,9% en situation d’obésité. Il paraît alors essentiel de mettre en place un système de prévention pour lutter contre ce phénomène et offrir à nos enfants un meilleur avenir.
Les os : L’activité physique permet également de gagner en densité osseuse. Un élément très important dans la construction de l’enfant puisque la densité osseuse permet notamment d'évaluer le risque de fracture d'un os dans le cadre de maladies comme l'ostéoporose. Ainsi, une bonne densité osseuse signifie un corps plus résistant. Et l’activité physique a un rôle important à jouer là-dessus. Que cela soit lorsqu’il grimpe, qu’il saute ou qu’il court, l’enfant doit supporter son poids du corps. Cela l’incite donc à travailler en résistance pour fortifier sa structure osseuse et se construire un corps qui résistera dans le temps.
La santé affective : Les enfants actifs ont une meilleure estime d’eux, davantage confiance en eux et ont une meilleure image de leur corps. L’activité physique contribue aussi à réduire le stress de même que les symptômes de dépression et d’anxiété. Grâce au sport l’enfant développe ainsi le culte de l’effort, la volonté, le désir de réussir pour être meilleur que l’autre, mais aussi que soi-même... Le sport a donc un rôle primordial dans le développement psychomoteur de l’enfant. De plus, la sérotonine produite pendant la pratique sportive a un impact positif sur la santé mentale. S’agissant d’une hormone ayant un effet sur l’humeur, sa production massive pendant la pratique sportive, permet d’avoir un sentiment de satisfaction en après séance. Tout comme l’adulte, l’enfant ressentira de ce fait, les effets bénéfiques de sa pratique après l’effort. A savoir aussi que cela permet de calmer les inflammations pouvant être liées à la dépression !
La socialisation : L’activité physique est également une occasion pour l’enfant de développer
ses compétences sociales et ses relations avec les autres. Bouger permettrait en effet de briser l’isolement et de favoriser l’intégration sociale. Il est vrai que la pratique du sport en club, association ou autre, permet d’élargir les relations de l’enfant en dehors de l’école. De plus, les activités sportives extra-scolaires représentent une occasion de nouer des relations amicales fortes chez l’enfant, d’autant plus dans les sports collectifs. Que cela soit au football, rugby, volley, hand… la pratique d’un sport et plus particulièrement d’un sport collectif permet de s’identifier à un groupe et ainsi de créer des liens sociaux plus forts. Intégrer une équipe sportive implique que chaque enfant va trouver sa place en tant qu’individu dans ce nouveau groupe social. De plus, dans un sport collectif, les membres de l’équipe coopèrent pour évoluer dans le même sens et partager un plaisir similaire. Plus que du lien social, le sport permet à l’enfant de se trouver un nouveau groupe d’appartenance en dehors de sa sphère familiale.
La réussite scolaire : Enfin, il a été démontré que l’activité physique peut améliorer les résultats à l’école pour plusieurs raisons. Tout d’abord, même si cela ne paraît pas évident aux premiers abords, le sport sollicite le cerveau et stimule de nouvelles cellules cérébrales. Cela permet alors à l’enfant de gagner en plasticité cérébrale, ce qui favorise l’apprentissage. Il est vrai que le sport nécessite de mémoriser des règles et des séquences de mouvements ou de prendre des décisions rapides. Par ailleurs, le fait de bouger activerait certaines zones du cerveau et augmenterait l’apport en sang que celles-ci reçoivent. Cela favoriserait aussi une meilleure qualité de sommeil et une meilleure consolidation de la mémoire. De plus, la confiance et la relaxation que procure l’activité physique stimuleraient les habiletés intellectuelles de l’enfant. Enfin, les jeunes qui sont actifs adopteraient un meilleur comportement et développeraient un plus grand sentiment d’appartenance à leur école. Tous ces facteurs aideraient l’enfant à mieux fonctionner à l’école. Des études ont en effet démontrées que les élèves qui font de l’activité physique ont un meilleur rendement que ceux qui n’en font pas. Cela se ressentirait notamment dans la lecture, les mathématiques et l’attention générale. Alors qu’attendons-nous pour remettre le sport au cœur de l’école ?
3) Quel rôle pour l’école
A l’orée 2024, l’Etat, responsable de la conduite des politiques sportives en France, a mis en place le dispositif Génération 2024 visant à valoriser la pratique sportive au sein des écoles.
L’objectif ?
Faire profiter les écoles, établissement scolaires et établissements de l’enseignement supérieur, de l’énergie de Paris 2024. Ce label délivré par le Ministère de l’éducation Nationale et de la jeunesse et le Ministère de l’enseignement supérieur et de la Recherche, vise à développer des passerelles entre le monde scolaire et le mouvement sportif pour encourager la pratique
sportive des jeunes. Les établissements engagés ont pour objectif de mettre le sport au cœur du quotidien des jeunes et permettre au plus grand nombre de vivre l’aventure olympique. On voit alors que la politique sportive française vise à faire de l’école un chemin privilégié dans l’accès au sport.
Mais bien que la France, soit bon élève en Europe en termes d’éducation physique et sportive avec environ 14 % du temps scolaire qui lui est consacré, soit près du double par rapport aux autres pays européens, selon un rapport de 2019. Le bilan final en termes de temps
consacré quotidiennement au sport chez les enfants, est beaucoup moins bon. La France se classe dans ce cas, en avant dernière position au niveau européen. Un signe que l’EPS n’arrive pas totalement à donner le goût du sport à nos enfants... Mais que faire alors ?
4) Le rôle de la famille
Alors que l’école semble peiner à faire entrer durablement dans les mœurs le goût pour la pratique physique chez l’enfant, le rôle de la famille pose question. Le foyer familial est le premier environnement dans lequel l’enfant évolue. Les parents et l’entourage proche
constituent alors un modèle puisque les bonnes habitudes se prennent dès le plus jeune âge. Ainsi, les parents jouent un rôle très important dans la transmission du goût à bouger et à pratiquer des activités physiques. Par ailleurs, il a été relevé que les enfants étaient
plus enclins à être actif et à pratiquer du sport régulièrement et/ou en compétition, lorsqu’ils sont soutenus par les parents. En effet, à cet âge, ils ont besoin d’être encouragés et de sentir l’approbation de leur entourage pour valoriser la pratique physique.
Le sport est également une occasion de partager des moments en famille. C’est pourquoi il est essentiel qu’en famille, des moments de la vie quotidienne soient consacrés à la pratique d’activités physiques (vélo, randonnées, activités sportives tels que du foot, volley……). L’Etat a alors décidé de mettre en place une politique pour amener le sport au plus près de la population au sein des territoires ruraux et urbains. A travers le plan « 5000 terrains de sport d’ici 2024 » l’Etat a en effet débloqué un vaste budget pour équiper les territoires en équipements sportifs de proximité (terrains multisports, espace de glisse urbaine, agrès de fitness…). De quoi offrir aux enfants et aux familles des endroits de vie pour pratiquer des activités ludo-sportives multigénérationnels.
La pratique d’activité physique régulière chez l’enfant est donc primordiale et constitue un enjeu pour l’avenir de notre société. En effet, alors que la sédentarité s’accentue, il semble urgent pour l’Etat et tout à chacun d’œuvrer pour l’avenir de nos enfants notamment à travers la pratique sportive au quotidien, aussi bonne pour le corps que pour l’esprit !
Aurore Judais
O3 Consulting